jueves, octubre 11, 2007

IRAN - Les étudiants face à l'arbitraire

Alors que l'automne commence, les universités ouvrent leurs portes, mais dans des circonstances tout à fait exceptionnelles : trois étudiants de l'Université polytechnique d'Amir Kabir croupissent en prison [ils ont été arrêtés en mai dernier, lors de troubles à l'université]. On espérait qu'ils seraient libérés à temps pour la rentrée, après la première audience de leur procès, au début du mois de Mehr [fin septembre]. Mais le juge a choisi de les renvoyer en prison. Les espoirs de leurs camarades de classe de les voir commencer l'année avec eux se sont évanouis.

Les chaises vides d'Ehsan Mansouri, Majid Tavakkoli et Ahmad Qasabian à l'université d'Amir Kabir sont le reflet de la situation des étudiants dans les autres universités de Téhéran et de tout le pays. Cette année encore, ils font face à un double danger : ils risquent la sentence des différents comités judiciaires chargés de l'ordre et la discipline, qui peuvent les empêcher d'assister aux cours ; ils subissent également des pressions de la part des représentants de l'ordre, qui infiltrent depuis quelque temps les milieux universitaires. Ces dangers n'ont fait que croître après la diffusion à Amir Kabir, en mai dernier, de publications contenant des offenses au prophète Mahomet. Quatre-vingts jours après ces événements, alors que les étudiants reviennent en cours découragés, l'amertume a partout remplacé l'enthousiasme habituel qui accompagne la rentrée. Un jeune étudiant journaliste, Soheil Asefi, été finalement libéré après soixante-trois jours de détention, dont cinquante en cellule de confinement. Mais le montant très élevé de sa caution, fixée à 1 000 millions de rials [environ 78 000 euros], a beaucoup retardé sa libération.

Ces étudiants font partie d'une génération qui n'a pour perspectives que les arrestations et la fin soudaine des études. Dans l'année écoulée, un nombre incalculable d'étudiants ont vu leurs études arrêtées, dans l'attente du résultat de leur dossier judiciaire - des dossiers dont on ne sait jamais ce qu'ils contiennent et dont les médias ne rendent pratiquement pas compte. Ce manque de transparence et le sentiment d'arbitraire préparent une génération de gens amers et sans espoir.

La répression des manifestations par le gouvernement et l'intensification des mesures contre les étudiants et les structures politiques estudiantines dont les opinions diffèrent de la ligne de l'Etat ont presque réussi à décourager les étudiants de toute activité politique. Sans doute, les citoyens iraniens ont le sentiment de ne pas comprendre toutes les subtilités du droit et des mesures nécessaires pour la sécurité, mais, à l'avenir, si les conséquences de ces abus se répercutent sur leur vie privée et dans les domaines politique, économique et culturel de leur vie, il est probable qu'ils réagiront.

Les professeurs et les étudiants font face à de grandes difficultés dans le domaine des libertés, et même les Iraniens pour lesquels ce domaine semblait obscur et sans importance y sont de plus en plus attentifs. La brèche ouverte dans les milieux étudiants ne pourra sans aucun doute plus être ignorée, et de plus en plus d'experts et de médias seront bien obligés d'informer le peuple de ces abus.

Massoud Bastani
Norouz

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