martes, julio 22, 2008

OMC - Le sommet de la dernière chance

Les ministres du Commerce des pays membres de l'OMC se réunissent à partir d'aujourd'hui au siège de l'organisation, à Genève, pour tenter de boucler le cycle de Doha sur la libéralisation des échanges. Les discussions, qui pourraient durer toute la semaine, s'annoncent difficiles : les participants ne sont toujours pas d'accord sur le montant des droits de douane auxquels sont soumis les voitures et les produits chimiques, sur les brevets des médicaments ou sur la protection de l'indication d'origine des produits alimentaires [comme les appellations d'origine contrôlée].

Mais les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) n'ont jamais été aussi près de parvenir à un compromis sur les subventions et les tarifs douaniers agricoles, et c'est pour cette raison que l'OMC a précipité la rencontre d'une trentaine de ministres, venant de pays qui représentent près de 95 % du commerce mondial. Il s'agit de la première réunion officielle depuis deux ans.

Pour Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, le compte à rebours a commencé. Compte tenu des élections américaines, les rencontres de ce genre n'auront plus lieu d'être avant la fin 2009, lorsque le nouveau ministre du Commerce des Etats-Unis sera prêt à négocier. Et le prochain président risque fort d'être bien moins disposé que George W. Bush. Les nuages noirs de la récession ainsi que la peur du protectionnisme poussent également les dirigeants à agir. Un accord sur le commerce "serait la seule bonne nouvelle dans le contexte économique international actuel", affirme Peter Mandelson, commissaire au Commerce de l'UE. Selon l'OMC, cela pourrait se traduire par une augmentation annuelle des échanges mondiaux de 50 à 100 milliards de dollars.

Les Etats-Unis et leurs alliés ont entamé le cycle de Doha [baptisé "cycle du développement"] en 2001. L'objectif était d'ouvrir les marchés des pays riches aux agriculteurs des pays pauvres, qui, en contrepartie, devaient accepter les produits industriels et les services des Occidentaux. Les négociations ont rapidement tourné court car les Etats-Unis et l'UE refusaient de réduire leurs subventions agricoles ainsi que les tarifs douaniers pour les denrées alimentaires. En juillet 2006, les pourparlers ont de nouveau été interrompus, pour les mêmes raisons.

Le mois dernier, un compromis s'est dessiné entre Bruxelles et Washington sur l'agriculture. Les pays européens ont accepté de réduire de 54 % les droits de douane sur leurs importations, et les Etats-Unis se sont engagés à diminuer de plus de 20 milliards de dollars leurs subventions, pour les ramener dans une fourchette de 13 à 16 milliards de dollars par an. Mais le Congrès américain et certains gouvernements, comme celui de la France [qui accuse Peter Mandelson de brader l'agriculture européenne], pourraient fort bien torpiller les discussions.

En attendant, le débat se concentre sur les pays en développement. Il s'agit essentiellement de définir le niveau de réduction des barrières douanières et de déterminer quelles catégories de produits pourraient être protégées. Le Brésil, l'Inde ou l'Afrique du Sud refusent de supprimer les tarifs qui protègent leur industrie naissante de la concurrence occidentale ou chinoise. Ainsi le Brésil, qui impose une taxe de 35 % sur les automobiles importées, a proposé de la ramener à 22 %. Mais, au nom des intérêts de PSA Peugeot Citroën ou de Volkswagen, les négociateurs européens veulent davantage.

Même si un succès est toujours possible, tous les pays membres de l'OMC reconnaissent qu'il restera de toute façon un long chemin à parcourir. Tout accord de principe conclu cette semaine entraînerait en effet des mois de négociations sur ses modalités détaillées.

John W. Miller et Greg Hitt
The Wall Street Journal

www.courrierinternational.com

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