viernes, octubre 30, 2009

ANGOLAGATE

L’Angolagate est cette histoire obscure de vente d’armes entre la France et l’Angola de 1993 à 1998. Les deux principaux accusés, l’homme d’affaires français, Pierre Falcone, et l’Israélien, Arcadi Gaydamak, n’ont pas nié avoir fourni à la République lusophone du matériel militaire comprenant des chars, des navires de guerre, des hélicoptères militaires, des obus, etc. Pour cela, ils ont été condamnés chacun à 6 ans de prison ferme. L’Israélien sentant venir le roussi, avait préféré prendre la poudre d’escampette et se réfugier dans l’Etat hébreux.

Ils sont nombreux qui estiment que les têtes tombées à la suite du verdict du procès de l’Affaire ressemblent à celles de moutons sacrifiés. Certains des condamnés ne veulent pas pour autant se laisser conduire sans résistance à l’abattoir. Ils ne sont pas de simples quidams à qui il faut faire porter le chapeau. A l’époque des faits, certains des prévenus étaient de hautes personnalités de la France : Charles Pasqua, aujourd’hui Sénateur, était ministre de l’Intérieur. Il doit donc savoir beaucoup de choses. Jean-Christophe Mitterand, fils aîné du défunt président François Mitterrand, était le Conseiller Afrique de son père. Une si grosse affaire de 790 millions de dollars ne pouvait donc pas passer inaperçue.

Après le prononcé du verdict, l’ancien ministre de l’Intérieur commence à délier la langue et porte de graves accusations, peut-être un peu tardivement. ’’Le président de la République de l’époque était au courant de l’affaire de vente d’armes à l’Angola ; le Premier ministre était au courant ; la plupart des ministres aussi. Le moment est venu de mettre les choses au clair’’, crie haut et fort Charles Pasqua, qui clame son innocence et demande au Président Nicolas Sarkozy de lever le secret défense sur cette affaire qui paraît avoir touché le sommet de l’exécutif français.

L’ancien ministre de l’Intérieur vient ainsi de donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Si Nicolas Sarkozy accède à sa requête, il faudrait faire attention aux scorpions qui en sortiront.

Même si ce procès paraît être, d’une certaine façon, celui de la vieille époque, celle des Mitterrandiens et des Chiraquiens, Sarkozy ne peut se permettre de lever ainsi le secret défense sans affaiblir ou fragiliser la France. L’Etat est une continuité. Aujourd’hui, et ce malgré lui, il est le dépositaire et l’héritier du dossier qu’il doit gérer avec délicatesse, s’il ne veut pas que la France soit la risée de la communauté internationale. N’est-ce pas, du reste, déjà trop tard avec ces propos de Charles Pasqua ? La France n’est-elle pas déjà éclaboussée par l’Affaire ? A l’époque des faits, l’Angola était en guerre civile et surtout sous embargo de l’Organisation des Nations unies. José Eduardo Dos Santos, Président angolais, avait demandé à la France de l’aider à acquérir des armes. Paris avait officiellement refusé. Officieusement cependant, l’Hexagone avait favorisé les contacts avec l’Israélien, Gaydamak, et l’homme d’affaires, Falcone. Le résultat de tout cela se retrouve aujourd’hui versé sur la place publique.

Cette sordide histoire vient encore une fois mettre à nu l’hypocrisie et le cynisme des puissances occidentales. Comment peut-on en effet comprendre que la France qui est membre du Conseil de sécurité de l’ONU et n’a pas opposé son véto à la décision de l’embargo, ait ainsi violé cette interdiction de commercer avec l’Angola sur les armes ?

L’embargo avait sans doute été décrété pour mettre un terme à la guerre civile extrêmement meurtrière. L’objectif recherché était à l’instauration de la paix et à la préservation des vies humaines. On se rend compte aujourd’hui que cela était le cadet des soucis des dirigeants français de l’époque. Cette affaire révèle ce que certaines puissances occidentales paraissent être et ce qu’elles sont réellement. La corruption et autres pratiques mafieuses collent aussi à la peau de leurs dirigeants. Les guerres, comme on s’en rend compte avec cette affaire, sont des opportunités de renforcement de leur puissance et d’accumulation d’énormes richesses.

La République d’Angola, contre qui était décrété l’embargo, est un pays riche de son pétrole et de ses autres ressources naturelles. C’est le cas de nombreux pays, africains notamment, sous sanctions décrétées par la communauté internationale. Rien ne prouve que de nos jours, des violations de sanctions ne sont pas opérées à l’insu de tous. Il faudrait alors attendre une vingtaine d’années environ, avant que le pot aux roses ne soit découvert si d’aventure le gâteau n’était pas équitablement partagé. Avec ce genre d’affaires, les dirigeants occidentaux n’ont vraiment pas de leçons de morale à donner à leurs homologues des pays pauvres en matière de lutte contre la corruption.

Nicolas Sarkozy ne lèvera, peut-être pas le secret défense comme le demande Charles Pasqua pour se faire blanchir. Ce serait tout simplement suicidaire. Certaines informations, on le devine bien, ne peuvent nullement être livrées sur la place publique. Pour cela, la raison d’Etat sera toujours invoquée. Les affaires secrètes doivent le rester. La France ne voudrait certainement pas ternir ses relations avec l’Angola, à la suite de l’embellie que l’on observe aujourd’hui suite aux efforts diplomatiques du Président Sarkozy. Elle ne peut pas prendre le risque de perdre un partenaire si important de par sa position géographique et ses richesses. Avec le procès en appel sollicité par Pasqua, une formule pourrait être trouvée pour satisfaire tout le monde. Pierre Falcone, qui jouit de l’immunité diplomatique angolaise, pourrait être expulsé de France et l’ancien ministre de l’Intérieur grâcié. L’honneur de la République sera alors sauf. Finalement, ce procès de l’Angolagate, à travers lequel l’indépendance de la justice française s’est manifestée, devrait aussi servir de leçon à tous les Africains. Nos dirigeans doivent plus que jamais promouvoir la démocratie, l’intégration et travailler à la paix et au développement humain durable.

http://www.lepays.bf/

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