martes, septiembre 07, 2010

Nétanyahou peut dire merci au Hamas

Abderrahman Al-Rached

L’attentat sanglant revendiqué par le groupe palestinien contre les Israéliens à la veille des négociations de paix de Washington conforte les thèses de l’Etat hébreu sur la sécurité et le maintien des colonies.

Le Hamas a fait preuve d’une témérité extraordinaire en tuant quatre colons au moment précis où les négociateurs palestiniens partaient pour Washington. Témérité extraordinaire, mais conséquence ordinaire dans la mesure où ce sont encore une fois les Palestiniens qui en paieront le prix et les Israéliens qui en récolteront les bénéfices. “Cet attentat apporte de l’eau au moulin de Benyamin Nétanyahou, qui insiste sur l’aspect sécuritaire”, a confirmé le quotidien israélien Yediot Aharonot. “Cela l’aidera à marchander au sujet du gel des constructions dans les colonies [qui doit prendre fin le 26 septembre]. Il pourra dire à Barack Obama que son opinion publique n’acceptera pas la prolongation du moratoire au moment où les colons sont attaqués. Le Hamas offre donc au Premier ministre une arme tactique et médiatique. Ce ne sont plus seulement les Palestiniens qui peuvent se présenter en tant que victimes devant les Américains.”

Le fait est que le Hamas n’a rien fait qui nuise réellement à Israël puisqu’il n’a pas touché à ses installations militaires ni économiques. En revanche, il est toujours venu à l’appui des désirs israéliens et s’est toujours fait l’exécutant des ordres iraniens. C’est seulement aux Palestiniens qu’il n’a jamais rien apporté. Chaque fois qu’il a voulu saboter des négociations, il a commis un attentat. Quand il envoie un jeune se faire exploser dans un autobus, il ravit les extrémistes israéliens, qui en tirent prétexte pour s’acharner sur l’Autorité palestinienne (AP) de Ramallah. Son plus grand succès est d’avoir réussi à pousser les Israéliens à investir cette ville et à assiéger la présidence de Yasser Arafat, jusqu’à ce que celui-ci y meure d’épuisement [2002-2004].

En 1999-2000 déjà, le Hamas avait fait échouer les négociations en disant que la solution politique proposée par Bill Clinton était inacceptable. Ensuite, il est revenu sur ses positions et a dit qu’il pouvait accepter. Sauf qu’il était trop tard, puisque, entre-temps, Clinton avait quitté la Maison-Blanche. Sous prétexte de répondre au Hamas, Israël a détruit tout ce qui avait été construit depuis le retour d’Arafat de son exil à Tunis. L’aéroport et le port de Gaza ont été anéantis, les bâtiments de l’Autorité en Cisjordanie rasés, d’innombrables membres des forces de sécurité palestiniens tués… Et de concert avec le Djihad islamique, il a fait ce qu’il fallait pour qu’Israël construise le mur [de séparation entre Israël et les Territoires palestiniens], l’instrument le plus redoutable de la création de nouveaux faits accomplis, avec confiscation de terres supplémentaires, éparpillement de familles et conséquences dramatiques pour des milliers de personnes.

Il faut malheureusement le dire : le Hamas est l’allié d’Israël. En assassinant quatre de ses ressortissants, il veut torpiller le projet américain qui consiste à donner une chance à la négociation pour parvenir, d’ici à un an, à la création d’un Etat palestinien. Cela ne veut pas dire qu’il soit par principe opposé à toutes les négociations. Il est seulement opposé à ce que ce soit le Fatah qui les mène et que lui-même en soit écarté par les Etats-Unis. Au début de cette année, en effet, il cherchait à engager des négociations avec Israël et aurait été prêt à faire des concessions tout à fait semblables à celles que pourrait faire Mahmoud Abbas.

D’autre part, il s’agit pour lui de satisfaire son allié iranien. Les Iraniens non plus ne sont pas opposés par principe à toute négociation avec les Etats-Unis. Ils veulent bien discuter avec eux afin d’obtenir la reconnaissance de leur statut de puissance régionale et de leur bombe atomique. Mais ils veulent être en position de force, et c’est pour cela qu’ils ont besoin des Palestiniens. Ceux-ci continuent de faire les frais d’une politique qui ne sert que les intérêts de Téhéran.

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