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Jack Lang, ancien ministre de la France, est certainement l’une des personnalités du monde politique occidental à avoir encore de l’estime pour Laurent Gbagbo. Dans une lettre ouverte rendue publique hier, il l’interpelle : "tu te grandirais en reconnaissant les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante mise en place avec ton plein accord. L'élection d'Alassane Ouattara a été par ailleurs reconnue par l'ensemble de la communauté internationale. Il t'appartient, à présent, d'accomplir le geste de retrait qui préservera l'unité ivoirienne et assurera la perpétuation de la démocratie dont tu as été le refondateur. J'en appelle à ton amitié et aux valeurs communes que nous partageons. » Cet appel public pour le moins pathétique cache mal pourtant des relents de sommation, expression d’un désappointement mal contenu. Laurent Gbagbo, ex-opposant, s’est métamorphosé. A l’épreuve du Pouvoir, l’ancien socialiste est devenu un bourgeois, plastronnant sur une fortune et un empire régenté par des proches et deux épouses, affairistes, ainsi qu’un budget de souveraineté de l’ordre de 76 milliards de FCFA.
Après huit années de crise militaro-politique, marquées par beaucoup de douleurs et de peines, la Côte d’Ivoire cristallise encore l’actualité sur le continent et bien au-delà. Non pas qu’elle ait organisé une élection présidentielle historique avec une participation d’au moins 80% des électeurs pour les deux tours. Masi, plutôt, parce qu’elle offre à la face du monde, un mélodrame dont on se serait, volontiers, bien passé. Avec pour acteur principal, l’ancien chef de l’Etat, dans le triste rôle du despote, digne de diriger la célèbre « République très, très démocratique du Gondwana », de l'humoriste nigérien, chroniqueur de RFI. Battu proprement dans les urnes, il refuse de céder son fauteuil.
L’ancien chef de l’Etat, à présent, porte la responsabilité du sort de la Côte d'Ivoire. Lui et ses proches, englués dans les scandales et autres compromissions, font courir des risques à la Côte d’Ivoire.
Pis, ils font de notre beau pays, jadis fierté de la sous-région, la risée de l’Afrique. Aussi pitoyable que lamentable, le putsch électoral perpétré par Laurent Gbagbo fait honte, non seulement à la Côte d’Ivoire, mais également à tout le continent africain qui se débat, comme il peut, pour que la sortie de crise qui vient de se dérouler en Guinée, ne soit plus l’exception, mais la règle.
Toutefois, comme le dit si bien l’adage, il n’est jamais trop tard pour bien faire. L’historien a encore une chance, même s’il faut l’avouer, il a « foutu en l’air » le peu de crédit qu’on lui accordait encore, de sortir la tête haute de ce navet, au scénario insipide qu’il impose à toute la Côte d’Ivoire, depuis vendredi.
Comme l’a souhaité la communauté internationale à l’unisson, et surtout son « cher ami » socialiste, qu’il a trimbalé à la Rue princesse de Yopougon, Gbagbo peut encore se sortir de cette situation. Partir par la grande porte, pendant qu’il est encore temps, ne serait qu’honorable pour lui. Reste à espérer que l’historien accepte de saisir le bout de cette ultime perche que lui tend la communauté internationale, en l’occurrence l’Union Africaine qui a dépêché le Président Thabo Mbeki lui parler, afin de le raisonner. Pendant qu’il est encore temps de le faire.
A l’analyse, cette crise met à nu la véritable personnalité de Laurent Gbagbo, homme politique volubile, plus populiste et démagogue que démocrate.
En décidant dans les années 80 de combattre le Président Félix Houphouët-Boigny et de lutter pour le multipartisme, il apparaissait aux yeux d’une certaine opinion, comme le chantre de la démocratie en Côte d’Ivoire.
En réalité, les Ivoiriens ne connaissaient pas l’homme. Normal, puisqu’il avançait masqué. Et au fil des ans, il dévoilera, peu à peu, son vrai visage. Déjà sous la transition militaire de l’an 2000, alors qu’il venait de rompre sans le moindre état d’âme, le Front républicain, on l’a vu manigancer et comploter avec le général Guéi, pour écarter Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et tous les candidats du PDCI de l’élection présidentielle.
Aux manettes du pays, sa gestion du pouvoir a été scabreuse, avec à la clé, l’exacerbation de la crise identitaire, du nationalisme, de la xénophobie et de nombreux crimes politiques et financiers… Inutile de faire une litanie des dérives du régime Gbagbo.
Avec ce putsch électoral manqué, qui s’apparente aux gesticulations de fin règne d’un régime pourri et moribond, Laurent Gbagbo montre aux Ivoiriens la plénitude de sa personnalité. Il n’a jamais été un démocrate. Sans idéal ni conviction, il a escroqué le peuple pendant des décennies, se muant tantôt en oppresseur, tantôt en xénophobe, tantôt en protecteur des pires criminels contre les droits de l’homme. Laurent Gbagbo va quitter, en tout cas pour un long temps, la scène politique. On retiendra que son passage à la tête de la Côte d’Ivoire a été la page la plus sombre de la jeune histoire de ce pays qu’il a plongé dans une guerre.
« L'histoire, si chère au président Gbagbo, oubliera rapidement les arguties juridiques en cours à Abidjan pour tenter de justifier son hold-up électoral. Elle n'oubliera pas, en revanche, celui qui ferait plonger la Côte d'Ivoire dans le chaos », écrivait récemment un confrère. Il doit choisir
PAR CHARLES SANGA
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