sábado, agosto 07, 2010

La mystérieuse explosion sur le passage de Mahmoud Ahmadinejad

Bijan Zarmandili

Après l'explosion sur le passage du convoi du président Mahmoud Ahmadinejad le 4 août [à Hamedan, dans l'ouest de l'Iran], une nouvelle inconnue est venue s'ajouter à la situation politique et sociale embrouillée de la République islamique d'Iran. Qui a intérêt à éliminer physiquement Ahmadinejad ? Pour lui, aucun doute possible : "Les sionistes ont armé la main d'un idiot pour me tuer", avait-il déclaré peu avant de se rendre à Hamedan. Mais les hésitations des sources officielles quand au caractère terroriste de l'incident pourraient vouloir dire que la sortie du président n'a pas franchement enthousiasmé ni convaincu les hautes sphères du régime.

Ahmadinejad est aujourd'hui l'une des personnalités les plus détestées dans le pays, non seulement parmi les opposants regroupés dans cet imposant et dramatique mouvement né à la suite de sa réélection frauduleuse [en juin 2009], mais aussi parmi les conservateurs et les représentants de la vieille garde khomeiniste et de la théocratie chiite. Il serait toutefois erroné d'attribuer la paternité de l'incident de Hamedan aux opposants réformateurs ou à des rivalités politiques internes au cercle des partisans d'Ahmadinejad. Quelques heures après, des dizaines de milliers d'internautes commentant la nouvelle sur les forums de discussion soutenaient la thèse d'une "manipulation du régime", c'est-à-dire d'un attentat préparé par les "services" proches du président pour mettre en évidence son invulnérabilité, tout en rappelant les dangers qu'il court et les immenses sacrifices auxquels il est contraint pour mener à bien sa "mission". Reste évidemment la piste des Moudjahidines du peuple, ennemis de longue date des khomeinistes, auteurs de plusieurs attentats au lendemain de la révolution islamique de 1979 et complices des Irakiens pendant la guerre Iran-Irak [1980-1988].

Mais rien de tout cela n'explique la complexité politique actuelle qui se cache derrière le lancement d'une grenade contre le cortège présidentiel à Hamedan. La dialectique politique iranienne, même dans ses aspects les plus cruels et les plus violents, est une réalité irréfutable mais ce serait une erreur de chercher à comprendre sa dynamique hors du contexte du Moyen-Orient, en la séparant d'une problématique de conflits plus vastes, dont la République islamique est un des épicentres. L'attentat contre Ahmedinejad fait suite aux incidents à la frontière entre Israël et le Liban, eux-même précédés de tirs de roquettes sur les stations balnéaires d'Eilat, en Israël, et d'Aqaba, en Jordanie. Aucun lien ne peut être mécaniquement établi entre ces faits, mais, ensemble, ils font dangereusement grimper la température politique de la région et risquent de porter la tension à des niveaux incontrôlables.

Que se serait-il passé en Iran si la grenade lancée à cent mètres de la voiture d'Ahmadinejad avait atteint son objectif ? Certes pas une mutation indolore du pouvoir politique, comme cela s'est passé en Suède au lendemain de l'assassinat du Premier ministre Olof Palme [en 1986]. Le risque aurait été la guerre civile, la dislocation du tissu géographique du pays en mille morceaux et, selon toute probabilité, une intervention militaire extérieure. Bref, un nouvel Irak, ou un nouvel Afghanistan.

Donc l'hypothèse la plus réaliste sur l'attentat [du 4 août] contre Ahmadinejad semble être celle d'un avertissement, un avertissement insidieux et menaçant. La grenade est tombée à cent mètres du président iranien, mais elle lance un message : "L'Iran est à cent mètres du chaos".

C'est une explication probable aux hésitations et aux déclarations contradictoires de source iranienne sur ce qui s'est passé à Hamedan. Ce "message" est parvenu à Téhéran, il a semé la panique dans les palais du pouvoir, y compris ceux des militaires et des paramilitaires qui tiennent entre leurs mains le sort de la République islamique et qui jusqu'ici ont misé sur le cheval gagnant, Mahmoud Ahmadinejad.

Quant à l'émetteur du message, on peut faire toutes sortes de suppositions. Cela peut être beaucoup de gens et personne, comme souvent dans les intrigues moyen-orientales, en particulier quand il s'agit d'un adversaire qui nourrit de dangereuses ambitions nucléaires.

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