lunes, mayo 16, 2011

"Strauss-Kahn, c'est fini!"

Que ce soit en France ou au FMI, l'avenir de Dominique Strauss-Kahn semble désormais devoir s'écrire en pointillés. Le Français a été inculpé le 14 mai pour agression sexuelle aux Etats-Unis. Largement reprise et commentée dans la presse étrangère, cette information choque certains, mais ne surprend pas grand monde.

"Le pervers", titre le New York Daily News. Selon lui, Dominique Strauss-Kahn serait "connu en France comme 'le grand séducteur'". La nouvelle de l'interpellation du patron du FMI, le 14 mai à New York, a rapidement fait le tour de la planète médiatique. Les tabloïds conservateurs américains s'en donnent à coeur joie, et racontent par le menu l'agression sexuelle dont s'est déclarée victime une employée d'un hôtel de Manhattan. "Le gros calibre français qui dirige le FMI a été arrêté pour avoir prétendument sodomisé une femme de chambre", raconte, dans son style inimitable, le New York Post.

Révélé le 14 mai au soir par le New York Times, le scandale fait la une de tous les sites de presse ce 15 mai. "L'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, poursuivi pour tentative de viol, me frappe comme une information à la fois étonnante - et pas totalement surprenante", réagit sur son blog Gideon Rachman, éditorialiste au Financial Times de Londres. Tous les journalistes font le même constat que le Britannique: DSK, même s'il est présumé innocent - il a choisi de plaider non coupable -, a contre lui une solide réputation de coureur de jupon. "Que les parties génitales étaient son point faible était de notoriété publique", attaque par exemple Michael Klasgen dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Il rappelle que DSK avait déjà défrayé la chronique fin 2008, quand le FMI avait mené une enquête interne sur son directeur pour abus de pouvoir, après la révélation d'une relation qu'entretenait l'ancien ministre des Finances avec l'une de ses subordonnées. A l'époque, DSK avait été blanchi. Il avait ensuite présenté ses excuses au personnel du FMI et à son épouse Anne Sinclair, plaidant une "erreur de jugement".

Deux questions reviennent inlassablement sous la plume des commentateurs et autres chroniqueurs : DSK peut-il encore prétendre, en France, à l'investiture socialiste pour la présidentielle de 2012? Et comment peut-il rester en poste au FMI, en pleine crise financière et alors que l'institution doit négocier un délicat plan d'aide à la Grèce? A la première question, le tabloïd allemand Bild apporte une réponse tranchée en parlant déjà de DSK au passé : "Le socialiste de luxe qui voulait diriger la France", titre-t-il sur son site Internet. "Strauss-Kahn, c'est fini!" acquiesce Joëlle Meskens, correspondante à Paris du quotidien belge Le Soir: "Celui en qui la gauche voyait l’homme providentiel, celui que les sondages donnaient gagnant depuis des mois ne sera pas le prochain président français. Et vraisemblablement, pas même le challenger de Nicolas Sarkozy. Quelles que soient les conclusions de l’enquête américaine, Dominique Strauss-Kahn sera bien trop affaibli dans toutes les hypothèses pour donner encore à son camp l’espoir de le conduire vers la victoire."

"Strauss-Kahn plonge le FMI dans une grave crise", titre pour sa part l'Handelsblatt, prestigieux quotidien financier allemand. Le Français devait rencontrer ce 15 mai à Berlin la chancelière Angela Merkel, et assister demain 16 mai à une réunion des ministres des Finances de l'Eurogroupe. Quand bien même certains saluent ses efforts pour revitaliser le FMI, depuis son accession à la tête de l'institution en 2007, tous considèrent cependant impensable qu'il puisse désormais rester en poste. "Les efforts du FMI [pour stabiliser l'économie mondiale après le choc financier de 2008] restent une oeuvre au long cours, que n'aideront en rien des controverses juridiques et un scandale politique au sommet de l'institution - surtout depuis que John Lipsky, le numéro 2 du FMI, a décidé de se retirer en août", considère en éditorial le Financial Times, qui appelle DSK à quitter ses fonctions le temps de l'enquête. Le Guardian, lui, en est déjà à envisager l'après-DSK : "Qui pourrait lui succéder au FMI ?", interroge-t-il sur son site Internet, misant sur un candidat venant d'un pays en développement.

A Washington ou Paris, l'avenir politique du Français semble bien compromis. "No he Kahn't", titrent de concert The Economist (Londres) et El Pais (Madrid), en référence à des T-Shirt à l'effigie de DSK qui commençaient à se vendre des deux côtés de l'Atlantique, avec le slogan "Yes, he Kahn" - un jeu de mot sur l'ancien slogan de campagne de Barack Obama ("Yes, we can", soit en français "oui, nous pouvons").

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